Les municipalités amazoniennes pour l’ODD15 sur la vie terrestre

04/05/2018

Un échange d'apprentissage par les pairs sur les politiques et les projets pour les villes petites et intermédiaires de la région amazonienne a eu lieu du 16 au 18 avril 2018 à Riberalta, en Bolivie, organisé conjointement par le Ministère des autonomies de Bolivie, l'Association nationale des municipalités de Bolivie - AMB, l'Organisation internationale du travail - OIT et Cités et gouvernements locaux unis - CGLU, et sous la direction de la ville de Riberalta et de la Fédération Latino-américaine des Villes, Municipalités et Associations de gouvernements locaux (FLACMA, par ses sigles en espagnol).

Cet échange a réuni plus de 40 dirigeants politiques et 70 participants de villes, d'académies et d'associations de la région amazonienne du Brésil, de Bolivie, de Colombie, d'Équateur et du Pérou, qui ont partagé leurs expériences et leurs visions autour des défis et des opportunités.  L'événement a souligné l'importance des économies vertes comme levier de changement, qui favorisent la création d'économies locales durables en ligne avec la conservation de l'environnement, ce qui favorise la cohésion sociale et l'égalité et sert à augmenter les niveaux de productivité, les actions communautaires et améliore la qualité de vie de tous les citoyens.

Dans le cadre de l'expérience d'apprentissage, les deux visites de pairs ont mis en lumière les concepts de l'emploi vert. La production durable et écologique de la châtaigne, (castaña en espagnol), aussi appelée noix du Brésil, fruit d'un arbre de la forêt tropicale amazonienne qui est récolté par les populations indigènes et rurales et préparé par la suite dans les industries locales qui ont été visitées, pour finalement être exporté vers les marchés mondiaux. La chaîne de production atteint une valeur à l'exportation allant jusqu'à 100 millions de dollars US par an et offre un emploi à plus de 12.000 familles.

L'écotourisme est une source importante de revenus pour la population amazonienne. La visite d'un lac naturel avec une forêt pluviale protégée a donné lieu à des échanges d’idées de coopération et de marketing, en particulier parmi les maires de villes péruviennes et équatoriennes considérées comme des lieux éco-touristiques et ont partagé de nombreuses pratiques. Dans cette même ligne, l'exemple présenté par Antonio José Rodriguez, le Maire de Cazorla, en Espagne, en représentation du Fond andalous des Municipalités pour la Solidarité Internationale (FAMSI) a confirmé les victoires à long terme de la conservation naturelle dans la diversification de l'activité économique et des services naturels.

Les défis communs des gouvernements locaux ont constitué une autre révélation de la rencontre. En effet les villes participantes se trouvent dans une situation similaire de de désavantage en termes de connexion, de dépenses pour le développement urbain, d'attention de la part de l’Etat et de compétitivité. Elles fournissent des services sociaux de base et en particulier des services sociaux permettant de stabiliser d’anciennes zones de conflits, comme à Caqueta ou au Pérou. ; ainsi que des politiques environnementales pour atténuer l'exploration des trésors mondiaux - en particulier la narco-agriculture, l'exploitation minière et l'élevage pastoral.

Les Objectifs de Développement Durable (ODD), l'Accord de Paris et le Nouvel Agenda Urbain offrent aux collectivités locales et régionales l'opportunité de déclencher une véritable transformation universelle. Sous la prémisse " ne laisser personne derrière soi ", tous les leaders locaux et régionaux présents à Riberalta, se sont mis d'accord pour soutenir la localisation des ODD, et en particulier l’ODD5 (égalité des sexes), ODD8 (travail décent), l’ODD11 (villes et communautés durables), l’ODD 13 (action pour le climat) et l’ODD 15 (vie sur terre).

Tous les dirigeants présents se sont accordés sur le rôle clé des gouvernements locaux et régionaux dans la région, en tant que coresponsables de la protection de l'Amazonie en tant que région d'importance mondiale pour la durabilité de la planète. Les participants ont souligné le rôle des collectivités locales et régionales en tant qu'acteurs clés dans la gestion des territoires et moteurs des politiques publiques qui répondent à la nécessité de rechercher des alternatives durables à l'utilisation des ressources fournies par le territoire amazonien. Et a souligné l'importance de travailler en réseau, d'une manière globale basée sur une vision commune de la région amazonienne, permettant à l'articulation territoriale et à la gouvernance de relever des défis communs.

Les débats qui ont eu lieu pendant l'événement ont permis d'identifier les éléments clés qui permettront aux dirigeants locaux et régionaux de la région amazonienne de jouer un rôle plus actif dans le processus de développement durable. Une structure de gouvernance à plusieurs niveaux pour travailler à la construction d'un avenir partagé a été soulignée comme étant essentielle. La nécessité de créer des possibilités de financement claires et accessibles pour les villes de la région a également été au centre des débats. Les dirigeants locaux ont appelé à la reconnaissance du rôle des municipalités de l'Amazonie en tant qu'acteurs d'une gestion territoriale durable à travers la planification stratégique, l'aménagement du territoiresa, la diversification de l'économie, le travail décent et vert, etc.

L'événement s'est conclu par la "Déclaration de Riberalta", un document qui donne un aperçu des principaux défis et opportunités identifiés par tous les participants, ainsi qu'une feuille de route pour la coordination des efforts qui répondent aux besoins des villes de la région amazonienne avec la FLACMA, afin d'assurer son intégrité. Les collectivités locales et régionales ont besoin d'être reconnues comme des acteurs clés pour atteindre les objectifs du développement durable à tous les niveaux, en particulier aux niveaux les plus proches des citoyens.